La prise en compte des aspects managériaux et comportementaux dans les questions de sécurité
Dans le secteur des transports, la sécurité physique et psychologique des personnels est un enjeu majeur et passionnant. Emmanuelle en a fait la riche expérience l’an dernier. Chargée de mission sécurité, elle travaille pour une société autoroutière depuis un peu plus d’un an. Après une année d’alternance dans l’entreprise, Emmanuelle a signé début octobre un CDI avec pour rôle d’assurer la sécurité des salariés.
‘Il y a beaucoup d’enjeux au niveau de la sécurité dans le secteur du transport, car on y rencontre énormément de corps de métiers. Au sein des 400 salariés de mon entreprise, on trouve des mécaniciens, des artificiers qui déclenchent des avalanches, des agents autoroutiers patrouilleurs, des techniciens de maintenance, des agents d’entretien…. Tant de métiers, cela génère de très nombreux risques. Bien que le risque de circulation des agents et le risque routier soient les plus dangereux et suscitent le plus d’actions, d’autres risques plus classiques tels que le travail en hauteur, la manutention manuelle, le risque de chute de plain-pied sont également présents et traqués…Et enfin, quelques risques spécifiques tels que le risque de braquage en péage, le risque matière dangereuse lors du renversement de camions sur l’autoroute…’
C’est manifestement la variété de ces situations qui plaisent à Emmanuelle car elles permettent de combiner une approche technique au travers de la gestion du Document Unique, de l’évaluation des risques, de la gestion des produits chimiques..., et managériale. Gérer autant de risques interroge nécessairement l’organisation hiérarchique, la pertinence des messages et les outils utilisés. ‘Quand je suis arrivée, les résultats en termes de sécurité n’étaient pas satisfaisants, avec un taux de fréquence supérieur à 25. Ma première mission a concerné la restructuration du système de management de la sécurité au niveau des directions opérationnelles avec la mise en place de plusieurs actions. Cela a permis de diminuer le nombre d’accidents du travail.’
Emmanuelle a ainsi instauré un comité de pilotage des cadres qui se réunit tous les trois mois et qui définit les orientations stratégiques en matière de sécurité. Elle anime également des ‘quart d’heures sécurité’ auprès des salariés des centres d’entretien, les entités disséminées le long du réseau qui gèrent un tronçon d’autoroute. Une fois par mois, à l’occasion de ces ‘quarts d’heure’, les agents en poste ce jour-là sont sensibilisés sur des sujets de sécurité. Emmanuelle profite de cette rencontre pour dresser un état des lieux de la sécurité au sein de l’entreprise : nombre d’accidents, type d’accidents, lieux les plus accidentogènes… Elle communique sur les actions mises en place et diffuse des messages de prévention, notamment sur le port des équipements de protection individuelle. Le chef de centre exploite cet espace de dialogue avec les agents pour les sensibiliser sur un chantier en cours. La parole est ensuite donnée aux agents qui peuvent faire remonter des situations rencontrées sur le terrain, car parfois les situations vécues sont particulièrementdifficiles. L’an dernier, quatre agents d’entretiens et patrouilleurs sont intervenus sur un accident : une personne avait sauté d’un pont de l’autoroute et avait été percutée par trois voitures. Les agents étaient choqués et les lésions psychiques provoquées par cet événement ont entraîné trois arrêts de travail. Cela a été un moment très particulier, assez difficile. J’ai dû m’entretenir avec ces agents, qui dans le cadre du débriedébriefing ‘accident du travail’, ont dû me rapporter tous les éléments auxquels ils avaient été confrontés lors de cet évènement.’
De manière plus quotidienne, Emmanuelle a en charge la gestion de la sécurité, depuis le suivi des indicateurs de reporting jusqu’à la prévention des risques professionnels, les études d’expositions (ondes électromagnétiques, particules cancérigènes comme le diesel...), la gestion des plans de prévention, les audits de chantiers et les relations avec le CHSCT. Son objectif ? Limiter les situations à risque et prendre en charge les situations humaines délicates (salarié en situation d’addiction à l’alcool, à la drogue, en situation de mal-être, de sentiment de harcèlement). Cette particularité, Emmanuelle la doit au fait que son poste est rattaché au service RH, et directement sous la responsabilité du Directeur des Ressources Humaines. ‘Cette spécificité change l’angle d’approche de la situation : mon entreprise aborde les questions de sécurité prioritairement d’un point de vue humain, avec une prise en compte de l’aspect managérial et comportemental, puis aborde l’aspect technique. Cela facilite mon travail au quotidien, en appuyant la démarche, en la rendant légitime, car la sécurité est intégrée directement aux objectifs de chaque manager.’